A Venise, en Italie
Aujourd'hui le Carnaval de Venise dure les deux semaines précédant Pâques. On vient
de tous les pays pour y assister, c'est un des plus célèbres du Monde. Réputé pour ses masques originaux et ses costumes somptueux qui enflamment la ville durant cette période, sa renommée égale
celle des carnavals de Rio, la Nouvelle-Orléans, Nice ou Binche ...
Autrefois, le Carnaval durait presque trois mois : fêtes, défilés, joutes aquatiques, bals, pièces de théâtres
et autres divertissements étaient à l'honneur. La place Saint-Marc s'animait ... d'animaux!
Les gens se rencontraient dans les rues dans l'anonymat total : plus de classe sociale, plus d'âge, plus de sexe, plus aucune distinction, chacun était alors libre, domestiques autant que
maîtres, pauvres comme riches...
Les Vénitiens portaient un masque plus de six mois par an à cette époque !
" Le Carnaval commence toujours la
seconde fête de Noël, c'est-à-dire qu'alors il est permis de prendre le masque et d'ouvrir les théâtres et les brelans. Alors on pousse à bout le libertinage ordinaire, on raffine sur tous les
plaisirs : on y plonge jusqu’à la gorge. Toute la ville est déguisée. Le vice et la vertu se masquent aussi mieux que jamais et changent absolument de nom et d'usage. La place Saint-Marc se
remplit de mille sortes de bateleurs, les étrangers et les courtisanes accourent par milliers à Venise de tous les coins de l'Europe : c'est un remuement et une confusion générale. Vous diriez
que tout le monde est devenu fou tout d'un coup."
HENRY VAN BULDEREN, "NOUVEAU VOYAGE D'ITALIE",
1698.
" C'est masqué que l'on expédie ses affaires, qu'on plaide ses procès, qu'on
achète son poisson... Masqué, on peut tout oser, tout dire : autorisé par la République, le masque est protégé par elle. Masqué, on peut entrer partout, dans les salons, dans les offices, dans
les couvents, au bal, au Palais, au Ridotto, où sont les tripots de jeu... En 1789, le Doge meurt alors que le Carnaval bat son plein. La nouvelle est tenue secrète, "pour qu'aucune goutte de
joie ne soit perdue"".
HENRI MONNIER
Les
masques
Les masques vénitiens ont une origine très ancienne et étaient portés à de
nombreuses occasions tout au long de l'année. Le plus ancien document y faisant allusion date de 1268.
Déjà au XIè siècle, les gens déguisés, vêtus de masques et costumes flamboyants, animaient la ville pendant deux mois, du 26 décembre au Mardi Gras. On organisait des jeux, des mascarades, des
concours, des courses, de nombreux spectacles de rue...
Au XIIIè siècle, on portait le masque dès octobre, transgressant les règles de la société, se permettant tous les excès. La République étant menacée par ces comportements indécents, on instaura
de nouvelles lois pour limiter l'immoralité grandissante des vénitiens.
Au début du XIVe siècle, on commença par interdire aux personnes masquées de sortir la nuit.
Au XVè siècle, on tâcha de rétablir la morale dans les couvents en interdisant aux personnes masquées l'accès aux parloirs des nonnes, ainsi que l'entrée dans les églises.
Au XVIIè siècle, le port des masques fut interdit hors de la période de Carnaval ou des cérémonies officielles. Les sanctions encourues en cas d'infraction de la loi étaient très
sévères.
Au XVIIIè
siècle, de nombreux nobles profitant toujours de leurs masques pour s'adonner aux jeux de hasard, non identifiables par leurs créanciers, on interdit également l'entrée des maisons de jeux aux
gens masqués.
Les masques furent ensuite interdits durant le Carême ainsi que pendant les fêtes religieuses tombant un jour de Carnaval.
A partir de 1776, les femmes doivent en revanche se rendre au théâtre masquées, avec la "bauta", le "tabarro" et le "volto", pour préserver l'honneur de la famille.
Après la chute de la République, le gouvernement autrichien autorisa l'usage des masques uniquement pour les fêtes privées ou élitistes.
Sous le second gouvernement autrichien, le port des masques fut de nouveau permis pendant la période du Carnaval, à partir de la Saint Stéphane jusqu'au Mardi Gras à minuit, sauf les jours de
fêtes religieuses.
quelques images par ici :
A Rio au
Brésil
Le Carnaval au Brésil est un héritage colonial, importé par les Portugais. Même les
esclaves participaient à la fête, se bombardant de farine, se maquillant et se déguisant avec les perruques et les vêtements de leurs maîtres. Pendant trois jours, les esclaves étaient libres et
égaux...
Depuis 1940, l'influence italienne s'est faite ressentir avec l'apparition des bals
masqués, nouvelle façon de célébrer le Carnaval, qui prend un autre visage. Fanfares, confettis et serpentins s'ajoutent à la fête. Les danses traditionnelles animent les rues, colorées par les
costumes folkloriques, les plumes et les paillettes... Des milliers de danseurs de Samba, de Mambo et autres danses endiablées défilent gaiement, accompagnés par des joueurs de congas.
Dès les années vingt, des écoles de Samba paradent pour l'évènement. Elles contribuent à la richesse et à l'originalité du Carnaval. Les milliers de participants, venant essentiellement des
quartiers pauvres, ont l'occasion de montrer leurs talents. Les défilés des écoles de Samba sont sélectionnés lors de compétitions et jugés selon le thème, la présentation, l'exécution, les
costumes...
Le Carnaval de Rio de
Janeiro est aujourd'hui réputé comme le plus grand, le plus extravagant et le plus célèbre du monde...
quelques images par ici :
A
Binche, en Belgique
Le Carnaval de Binche est le plus célèbre de Belgique, réputé pour ses fameux
Gilles aux costumes péruviens. Pour être un de ces personnages il faut être né à Binche ou y résider depuis cinq ans au moins...
Leur origine daterait de 1549, lors d'une fête organisée par Marie de Hongrie. Bals, feux d'artifices et mises
en scène théâtrales d'actes militaires espagnols se sont succédés pendant une semaine. Pendant ces festivités, des acteurs coiffés de plumes, déguisés en Incas, imitaient les Espagnols qui
venaient de conquérir le Pérou. Ce costume serait devenu une tradition locale.
Le quatrième dimanche
avant le Dimanche Gras, les Gilles animent la ville, rythmée par les fanfares annonçant le Carnaval, vêtus de leur costume typique : un pantalon, une blouse en toile de lin rembourrée de paille,
ornée de lions, d'étoiles, de couronnes et de blasons aux couleurs nationales, une ceinture de grelots, des sabots et un chapeau en plumes d'autruche. Parcourant les rues au son des tambours,
flûtes et trompettes, ils lancent ce jour-là des oranges à la foule. Les Gilles revêtiront leurs costumes colorés le Mardi Gras, dernier jour du Carnaval.
quelques images par ici :
http://fr.youtube.com/watch?v=9-oJoCj98BE
A La Nouvelle-Orléans en
Louisiane (USA)
Le premier Mardi Gras en Louisiane, le 3 mars 1699, était en fait une cérémonie en
l'honneur de l'explorateur René Robert Cavelier, qui avait donné l'appellation de "point de Mardi Gras" à une bande de terre située dans le delta du Mississippi, à une centaine de kilomètres au
sud de la future Nouvelle Orléans.
La Nouvelle Orléans, fondée en 1718 par Jean-Baptiste Le Moyne, devint en 1722 la capitale de la Louisiane,
alors colonie française avant d'être rachetée par les Etats-Unis en 1803. Déjà, on organisait des bals et autres festivités à l'occasion de Mardi Gras. Mais les gouverneurs espagnols
n'appréciaient pas ces fêtes et les supprimèrent.
Ce n'est qu'en 1823, sous la pression de la population créole, que les célébrations de Mardi Gras ont été réintroduites puis légalisées quatre ans plus tard.
Au début du XIXème siècle les manifestations étaient très agitées et arrosées...
Les autorités pensaient interdire à nouveau les festivités carnavalesques, lorsque six jeunes du Mississippi organisèrent une parade le soir du Mardi Gras 1857. Ce fut un succès, et la tradition
du défilé s'instaura définitivement.
Depuis 1870, les parades sont composées de chars et de fanfares, les "marching bands". Pendant les défilés, la foule reçoit des colliers, tasses, doublons et autres objets lancés par les
personnes costumées sur les chars.
Aujourd'hui, le carnaval débutent le 6 janvier avec un grand bal, et dure sept à huit semaines pendant lesquelles se succèdent spectacles, semaines
gourmandes et autres manifestations...
La dernière semaine, une centaine de bals et des dizaines de parades animent la Nouvelle Orléans. Le Mardi Gras, des personnes déguisées défilent toute la journée dans les rues sur des chars
décorés, portant des colliers représentant les couleurs du Carnaval : l'or symbolisant le pouvoir, le vert la foi, et le violet la justice.
quelques images par ici :
Le Carnaval